Economie sociale, Vieillesses et Vieillissements
11-12 sept. 2025 Châlons-en-Champagne (France)

Appel à communications

11 & 12 septembre 2025, Châlons-en-Champagne

 

Économie sociale, vieillesses et vieillissements

 

Selon les dernières projections de l’INSEE, le nombre d’habitants en France en 2070 sera proche de celui observé en 2021, autour de 68 millions. Mais la répartition par âge des habitants
diffèrera sensiblement, avec une très nette augmentation des personnes âgées de 75 ans et plus (+ 5,7 millions) et une diminution de même ampleur des personnes âgées de moins de 60 ans, de l’ordre de 5 millions d’habitants (Algava et Blanpain, 2021). Ces données en projection sont caractéristiques des dynamiques du vieillissement démographique français, qui s’opère aussi bien par la base de la pyramide des âges - moins d’enfants et de jeunes - que par son sommet à travers l’augmentation du nombre de personnes âgées.

 

En matière de politiques sociales, ces dynamiques démographiques posent un double défi à la puissance publique :

D’un côté, il s’agit de garantir la soutenabilité du système de protection sociale existant, construit et consolidé dans un contexte démographique plus favorable. Le vieillissement de la population entraine en effet une très nette hausse des ratios de dépendance économique, c’est-à-dire un rapport de moins en moins favorable entre les bénéficiaires du système de protection sociale – essentiellement les jeunes et les personnes âgées – et les contributeurs et contributrices. Le problème public posé par le vieillissement de la population s’apprécie ici essentiellement dans sa dimension financière, le vieillissement étant perçu comme une menace pour les comptes publics et la viabilité du système de protection sociale. C’est ainsi que les très nombreuses réformes des retraites mises en œuvre depuis le début des années 1990 ont en commun de reposer sur le registre argumentatif de la soutenabilité du système. L’allongement continu de la durée de cotisation à partir de 1993, l’augmentation de l’âge de départ en retraite en 2010 puis en 2023 ou encore la baisse organisée des taux de remplacement amorcée dès la fin des années 1980, sont autant de mesures justifiées par le législateur en raison du vieillissement démographique et de ses effets délétères sur le financement des retraites publiques par répartition. Il en va de même pour une partie des politiques de santé, notamment de celles explicitement orientées vers la baisse des dépenses et/ou l’augmentation des ressources. Il s’agit ici de faire face à la hausse continue des dépenses de santé dues à l’accroissement des maladies chroniques et des polypathologies associées à la population vieillissante. On peut également citer les politiques d’emploi mises en œuvre à partir du milieu des années 2000, avec pour objectif « d’activer » les inactifs, parmi lesquels figurent entre autres des seniors de plus en plus nombreux.

 

De l’autre côté, il s’agit pour la puissance publique d’accompagner la population vieillissante dans les différentes difficultés qu’elle rencontre avec l’âge. Cet accompagnement s’est récemment déployé à travers la mise en œuvre de la Loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015. Cette dernière est structurée autour de trois principaux axes : l'anticipation et la prévention de la perte d’autonomie, l'adaptation de la société au vieillissement, l'accompagnement de la perte d'autonomie. Il s’agit ainsi de se positionner à tous les stades de l’avancée en âge, à la fois pour prévenir les difficultés liées à la vieillesse et accompagner les personnes âgées lorsque ces difficultés apparaissent. Cette ambition élargie des politiques publiques se heurte toutefois à des situations de vieillissement très hétérogènes. Comme le soulignent Pestiau et Ponthière (2018), il existe un continuum de situations entre le « vieillissement heureux » (« où les années de vie additionnelles constituent de véritables cadeaux », p. 8) et le « vieillissement douloureux » (« dans des situations matérielles ou des états de santé très précaires », p. 8), pour les personnes ayant l’opportunité de vivre vieux. Cette opportunité comme le continuum de situations peut être le résultat du parcours individuel. Il traduit des inégalités vécues aux âges plus jeunes, notamment selon le genre, le revenu et les conditions de travail, qui se maintiennent voire se renforcent aux âges élevés. Le concept de « vieillesse inégale », initialement proposé par Attias-Donfut dès 1983 et récemment repris par Fontaine et Pennec (2020), permet d’appréhender l’hétérogénéité des situations au sein des générations et des difficultés à construire une politique susceptible d’agir à tous les stades de
l’avancée en âge. Dans l’ouvrage Économie du Vieillissement : Âge et Protection sociale issu des 25èmes journées de l’Association d’Economie Sociale, Marie-Eve Joël et Jérôme Wittwer dressaient le constat suivant : « Le colloque de l’Association d’Economie Sociale de 2005 démontre que les économistes en France, à ce jour, retiennent principalement deux questions de la problématique du vieillissement : la question de l’emploi et celle des retraites. » (p. 13). Vingt ans plus tard, force est de constater que les économistes n’ont pas épuisé le sujet de l’emploi et des retraites tant les travaux demeurent abondants dans ces domaines et les débats vifs au sein de la discipline. Il est également évident que les questions liées aux vieillesses et au vieillissement traitées par les économistes dépassent désormais largement celles de l’emploi et de la retraite. Les champs de la prévention de la perte d’autonomie, de la prise en charge de la
dépendance ou encore des inégalités sociales ou du bien-être aux âges élevés sont désormais largement investigués au sein de la discipline. 

Le 44ème colloque de l’AÉS propose de dresser un nouvel état des lieux des travaux en économie sociale sur les thèmes du vieillissement et des vieillesses. Cet état des lieux sera centré autour de cinq axes principaux de communication :

Axe 1. L’approche par les parcours de vieillissement : diversité, individualisation, déterminants.

Axe 2. L’accompagnement des personnes âgées : place des aidantes et aidants et problématiques de genre, logement et maintien à domicile, structures d’hébergement spécialisées.


Axe 3. L’analyse des politiques publiques de la vieillesse et du vieillissement : justifications, problématisation, publics.

Axe 4. Les différents niveaux de l’action publique : centralisme, territoires, adaptation.

Axe 5. Mesurer les effets des « réformes » en matière de prise en charge de la vieillesse et du vieillissement : méthode, expérimentation, résultats.

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